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Le chanvre cultivé, Cannabis sativa L., est une plante médicinale utilisée par l’homme depuis des siècles.
Cependant, ce n’est que récemment, dans les années 40, que les scientifiques ont commencé à percer le mystère de sa complicité biochimique.
L’une des découvertes les plus fascinantes à propos de ce végétal est sa richesse en cannabinoïdes ou substances actives contenues dans la plante de chanvre.
Le THC (tétrahydrocannabinol) et le cannabidiol (CBD) en sont les plus connus, parmi plus de 140 cannabinoïdes.
Dans cet article, nous ferons une comparaison entre le THCP et le THCO, deux analogues du THC, au même titre que le THCV, le HHC, le delta 8 THC et le delta 10 THC, afin de vous aider à savoir vers quelle molécule vous tourner en fonction de ses besoins.
THCP : un cannabinoïde prometteur avec des effets amplifiés
Abréviation de Δ9-Tetrahydrocannabiphorol, le THCP est un cannabinoïde mineur découvert en 2019 par des chercheurs italiens dans une variété de cannabis médical appelé FM2. C’est la molécule la plus puissante de la plante de chanvre, recherchée pour ses effets amplifiés.
Le THCP a une structure chimique étonnamment similaire à celle du THC, avec une différence notable : la longueur de leur chaîne latérale de carbones.
La chaîne du THC contient cinq atomes de carbone, tandis que celle du THCP affiche 7 atomes de carbone, soit deux de plus que le tétrahydrocannabinol.
Cette distinction peut sembler insignifiante, mais elle influence significativement la façon dont le tetrahydrocannabiphorol interagit avec les récepteurs de type 1 (CB1) et de type 2 (CB2) du réseau de communication intercellulaire de notre corps, connu sous le nom de système endocannabinoïdes (SEC).
Le THCP a une grande affinité — 33 fois plus grande que le THC, pour être précis — avec les récepteurs CB1 localisés dans le cerveau, ce qui lui confère des propriétés psychoactives remarquablement puissantes.
Effets et bienfaits potentiels du THCP
Les études menées sur les effets et les bienfaits potentiels du THCP sont encore à leurs débuts. À ce jour, il n’est donc pas possible d’énoncer l’ensemble des vertus thérapeutiques de ce cannabinoïde.
Des recherches effectuées sur des modèles animaux et des cultures cellulaires in vitro ont toutefois permis de constater que le THCP à des effets et des avantages assez proches de ceux du THC, mais en plus fort.
Une étude réalisée sur des rats a montré que le Δ9-tetrahydrocannabiphorol est efficace pour réduire la douleur et les inflammations, atténuer les nausées, inhiber le développement des cellules cancéreuses, stimuler l’appétit.
Des chercheurs ont aussi pu observer les effets anticonvulsivants, le pouvoir antioxydant et les vertus anxiolytiques et soporifiques de ce composé cannabique. Cela signifie que comme le CBD, le THCP peut atténuer l’intensité et la fréquence des crises d’épilepsie, neutraliser les radicaux libres et combattre le stress oxydatif, favoriser le bien-être et améliorer la qualité du sommeil.
THCO : un nouveau cannabinoïde aux effets distincts
Contrairement au THCP, le THCO, ou l’acétate de THCO (acétate de tétrahydrocannabinol), n’est pas un composé actif naturellement présent dans la plante de chanvre. Il est fabriqué en laboratoire.
Le THCO a été développé par l’armée américaine dans les années 40 lors d’expériences de guerre — pour neutraliser les ennemis sans les tuer —, mais a finalement été jeté aux oubliettes. Cette molécule est présentée comme la version synthétique du delta 9 THC, le HHC étant la version semi-synthétique.
Chimiquement parlant, le THCO est un cannabinoïde dit acétique, couramment obtenu en convertissant du CBD. Son processus de fabrication — l’acétylation — est sûr et se déroule en plusieurs étapes.
D’abord, le CBD est transformé en delta 8 THC, puis un produit chimique, l’anhydride acétique, est ajouté pour obtenir l’acétate de THCO.
Au cours de cette réaction chimique, un groupe hydrogène est remplacé par un groupe acétyle. C’est la raison pour laquelle le THCO a une structure moléculaire significativement différente de celle du THC, mais possède des propriétés psychoactives.
Il s’agit donc, comme le THCP, d’un agoniste des récepteurs CB1, ce qui signifie que le THCO a des effets euphorisants et provoque une altération de l’état de conscience.
L’acétate de THCO est 3 fois plus puissant que le THC, mais moins fort que le Δ9-Tetrahydrocannabiphorol.
Effets et bienfaits potentiels du THCO
La recherche concernant les effets et les applications thérapeutiques potentielles du THCO est encore à un stade embryonnaire, rendant difficile l’établissement de ses bienfaits sur la santé physique et mentale.
Toutefois, il est connu que le THCO n’agit pas avec la même rapidité que le THCP, qui lui, engendre des effets quasi immédiats post-consommation. Pour le THCO, un laps de temps entre trente minutes et une heure est nécessaire avant que ses effets ne se manifestent dans l’organisme. Cette latence s’explique par le fait que l’acétate de THCO est une « prodrogue », une catégorie de composés chimiques qui s’activent in vivo une fois métabolisés par le foie.
Certains utilisateurs de THCO témoignent que ce cannabinoïde synthétique aide à alléger le stress, les troubles anxieux et la dépression. Des témoignages anecdotiques suggèrent également qu’il peut contribuer au soulagement de la douleur physique.
Des investigations cliniques approfondies sont impératives pour corroborer ces avantages médicaux potentiels.
Comparaison des effets secondaires et de la sécurité
Bien que synthétique, le THCO n’est pas une substance dangereuse. L’acétylation est en effet une forme de synthèse de produits pharmaceutiques qui ne nécessite pas l’usage de composés dangereux.
Toutefois, comme c’est le cas avec d’autres cannabinoïdes, y compris des cannabinoïdes organiques, une consommation excessive de THCO peut entraîner différents effets secondaires indésirables tels que la paranoïa, l’anxiété, la difficulté à se concentrer, l’accélération du rythme cardiaque et le manque de coordination volontaire des mouvements musculaire (ataxie).
Ces effets désagréables sont aussi observés lors d’une ingestion ou d’une inhalation du THCP à grande dose, mais le THCP peut en plus provoquer un effet presque psychédélique caractérisé par des hallucinations ou une légère confusion.
Il est recommandé de consulter un professionnel de santé avant d’utiliser des produits dérivés du cannabis pour traiter un problème de santé et de respecter les doses conseillées le cas échéant. Ne conduisez jamais après avoir consommé un cannabinoïde.
Différences de légalité et d’accessibilité
La légalité des produits dérivés du cannabis varie selon les pays.
En France, le THCP et le THCO ne figurent pas dans la loi, et ne sont donc ni interdits ni autorisés à la vente.
Ce « vide juridique », d’après certains acteurs de l’industrie du chanvre, profite aux fabricants de produits issus du cannabis ainsi qu’aux consommateurs de cannabinoïdes. D’autres soutiennent à l’inverse qu’en vertu de la loi sur les analogues de substances contrôlées qui interdit la vente de molécules trop similaires ou qui imitent les effets d’un composé interdit, le THCP et le THCO, analogues du THC, sont, comme lui, prohibés au-delà d’un pourcentage correspondant à 0,3 de tétrahydrocannabinol.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui a inscrit le HHC (hexahydrocannabinol) et deux de ses dérivés, le HHCP (hexahydroxycannabiphorol) et le HHC-acétate (HHCO), sur la liste des produits stupéfiants en juin 2023 pourrait se prononcer à tout moment.
Dans les régions du monde, comme certains États des États-Unis, où la production, la vente et l’usage du THCO et du THCP sont légaux (ou profitent simplement d’un statut juridique incertain), ces cannabinoïdes sont généralement vendus sur internet par quelques fournisseurs, souvent en stylos vape jetables, comme alternatives « légales » au THC.